mercredi 30 mars 2016

L'importance des personnages

Depuis un an, je suis sur mon nouveau manuscrit, ma fidèle relectrice vous le confirmera. Une quête identitaire, un jeu de miroirs entre père et fils. A quarante ans d'intervalle.

Ne cherchez rien d'autobiographique, c'est ça la magie de l'écriture, se cacher derrière des mots et des histoires inventées de toute pièce, dans un jeu de cache cache permanent.

Le vrai se fond dans les détails, le faux partout ailleurs. Un peu comme mon premier roman qui a dû en déconcerter plus d'un. Surtout ceux qui me connaissent. Cherchant sans doute derrière cette histoire, où j’avais pu me nicher. Heureusement, je n'étais  nulle part!

C'est sans doute ça qui m'a permis de le terminer, contrairement aux deux premiers manuscrits probablement trop personnels. C'est la grande erreur de vouloir parler de soi. Mieux vaut s'exprimer à travers des fictions dans lesquelles, on se glisse subrepticement. C’est aussi ça la magie de l’écriture. Jongler avec un univers de contraintes, répondre à un cahier des charges et semer par moment des petits indices personnels.

Pour en revenir à ce nouveau manuscrit, aujourd’hui il ne me reste plus que deux ou trois chapitres à écrire pour le clore. Et comme si cela ne suffisait pas, me voilà pris d’une frénésie insoupçonnable, je rajoute des chapitres pour compléter des parties déjà rédigées… Tenir un manuscrit sur plus d’un an, c’est une curieuse aventure, on y retrouve ses humeurs et le temps qu’il faisait, on se souvient de l’endroit où l’on était pour écrire telle ou telle scène, et puis c’est une formidable aventure qu’on n’a pas forcément envie de quitter. On s’attache aux personnages, on leur donne vie et corps. Certains deviennent plus importants parce qu’ils sont tout à coup, malgré vous, devenus sympathiques et familiers, tandis que d’autres à qui on avait réservé un rôle de choix, n’arrivent pas à décoller et se retrouvent privés d’action. Il est arrivé ainsi à un personnage central à qui j’imaginais faire porter une grande partie du récit, de disparaitre, j’avais beau essayé de le faire venir, je n’ai pas réussi à m’attacher à lui, il est devenu sans que je m’en rende compte, un personnage de second plan, alors que je le promettais à une grande destinée.

Ainsi sans perdre le fil de la trame narrative que je me suis fixé, un semblant de rigueur oblige, je suis venu à la rencontre de mes personnages, leur donnant à chacun une mission. Ils portent le récit, contribuent à l’intrigue, partent et reviennent. C’est pourquoi, dans ce nouveau roman, les différents acteurs prennent plus d’importance que l’histoire. Ce désir m’est venu en lisant le remarquable livre de Céleste Ng - Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, que je chroniquerai prochainement, mais que je vous conseille dès maintenant.

Rendre les personnages crédibles pour qu’ils paraissent plus humains, qu’on puisse s’identifier à eux. Au fond, le but est de les rendre plus intéressants que l’histoire elle-même. C’est à mon avis l’exploit que Céleste Ng a accompli et auquel j’espère également parvenir, même si je suis loin d’avoir le talent de cette auteure.



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